Les banques ont joué le jeu !

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Bruno Deletré, président du directoire de la Caisse d’Epargne Grand Est Europe et président du Comité des banques de la Fédération bancaire française (FBF) Grand Est, revient sur les engagements et les actions des banques régionales dans le contexte sanitaire actuel.

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Quel bilan tirez-vous du Prêt garanti par l’État (PGE) lancé en mars dernier ?

Je retiendrai avant tout la forte mobilisation des banques et leur extrême réactivité pour aider les entreprises à affronter cette crise sans précédent. À titre d’exemple, le PGE a été lancé le 25 mars 2020 et le premier PGE dans le Grand Est a été décaissé² dès le 27 janvier 2021 !

Par ailleurs, dans le cadre du comité régional FBF, nous avons créé une instance de concertation entre les banques du Grand Est, les chambres consulaires régionales et les organisations patronales (Medef, CPME, U2P) afin de résoudre au plus vite les éventuelles difficultés qui pouvaient exister dans la délivrance des PGE. Pour l’Alsace, 17 869 PGE à 0 % (hors coûts de garantie de l’État de 0,25 %) ont été consentis pour un montant global de plus de 3 milliards €, soit une moyenne d’environ 170 000 € par entreprise.

Un chiffre à peu près équivalent à celui des autres régions. 90 % des demandes ont concerné des TPE avec un taux de refus inférieur à 3 %. Nous avons observé toutefois que beaucoup de demandes étaient effectuées à titre de précaution et que les prêts alimentaient des comptes courants afin d’augmenter la trésorerie des entreprises. Finalement, sur le deuxième semestre 2020, l’endettement net des entreprises a relativement peu augmenté. Outre le PGE, il ne faut pas oublier non plus qu’à la mi-mars, les banques ont accordé aux entreprises un report de six mois des remboursements de leurs crédits pour faire face à la crise. Franchement, on peut affirmer que les banques ont joué le jeu !

La phase des premiers remboursements du PGE commencera en avril. Certaines entreprises ne seront pas en mesure de le faire. Quelle sera alors la position des banques ?

À l’échéance de leur PGE, les entreprises auront plusieurs options possibles : le rembourser totalement ou partiellement, si elles en ont la capacité financière, ou bien en amortir l’intégralité ou une fraction sur 1 à 5 années supplémentaires avec un taux inférieur à 2,5 %, garantie de l’État comprise pour les PME.

Troisième possibilité, les entreprises peuvent demander un différé de paiement d’un an, c’est-à-dire rembourser à partir de 2022. À noter que c’est le client lui-même qui décide et non sa banque. Il faudra donc encore attendre plusieurs mois pour tirer des conclusions sur la santé financière des entreprises.

Au-delà du PGE, comment les banques continueront-elles à financer les TPE/PME parfois fragilisées dans un contexte économique incertain ?

Même au cœur de la crise, les banques ont continué leur travail normal de financement des entreprises. Certaines d’entre elles, peu ou pas impactées, ont continué à investir dans des projets. Nous continuerons naturellement à étudier chaque demande au cas par cas sans à priori. Ce qu’il faut toutefois retenir de cette crise, c’est que pour absorber les chocs, une entreprise doit disposer de fonds propres suffisants. Le renforcement des « hauts de bilan » est une condition indispensable à leur capacité d’amortir les crises à venir. Dans tous les cas, il est essentiel que les dirigeants d’entreprise, quelle que soit leur situation, n’hésitent pas à dialoguer en toute confiance et en toute transparence avec leur banquier.


¹Le Comité régional des banques FBF Grand Est rassemble toutes les entreprises bancaires de la région. La Fédération bancaire française (FBF) a pour mission de promouvoir l’activité bancaire et financière aux niveaux français, européen et international.
²par la Caisse d’Epargne Grand Est Europe

 

Source : www.pointecoalsace.fr