Réinventer le « vivre-ensemble »

Coliving, habitat participatif, lieux de vie intergénérationnels, habitat alternatif ou évolutif : de nouvelles formes d’habitat se développent sur les territoires. À l’heure des transitions écologique et démographique, dans un contexte de crise énergétique et d’accès au logement pour tous, on assiste à la diffusion d’une variété d’initiatives d’habitat, animée par une volonté d’habiter différemment et peut-être même de vivre autrement.

Une croissance exponentielle

Le coliving a attiré 455 millions d’euros de capitaux en 2021, presque 15 fois plus qu’en 2020. En France, la demande est 10 à 50 fois supérieure à l’offre.

Le coliving 26 % des 18-34 ans l'envisagent

Le coliving

La crise du logement est par exemple l’un des principaux moteurs du développement du coliving. Dans les grandes métropoles, la recherche d’un lieu de vie s’apparente en effet, souvent au parcours du combattant, pour les plus jeunes … mais pas que. Forme moderne et améliorée de la colocation où les occupants disposent d’espaces privés, partagent des espaces communs et mutualisent des services associés (WIFI, abonnements à des plateformes de streaming, salle de sport, ménage, parking…)., le coliving séduit les étudiants, mais intéressent également les personnes en transition dans leur vie ou en mobilité professionnelle. Il connaît ces dernières années un réel essor. La garantie de convivialité et de lien social qu’il propose fait également son succès, permettant de rompre avec la solitude, alors qu’en France, près d’un quart de la population se sent régulièrement seule, selon le Crédoc.

L’habitat participatif : un mode de logement alternatif et sur mesure

Offrir une nouvelle manière de vivre-ensemble, c’est également la promesse de l’habitat participatif.

Aussi appelé co-habitat, à mi-chemin entre colocation et copropriété, il repose sur un regroupement de citoyens unis autour d’un projet immobilier, où chacun prend part à la conception sur mesure, à la construction et à la gestion de son logement privatif et d’espaces ou services mutualisés, destinés à un usage collectif. Il permet de concilier désir de maison individuelle avec jardin – « une passion française » aux dires des sociologues Jean-Marc Stébé et Hervé Marchal -, et sobriété foncière.

Les habitants mettent en commun leurs ressources pour financer, créer et partager leur résidence, gérée collectivement par une société dont ils sont sociétaires ou fondateurs. Si les projets d’habitat participatif ont longtemps souffert d’un manque d’outils juridiques permettant d’encadrer ce genre de démarche collective, depuis dix ans, la loi ALUR leur a donné un cadre, permettant notamment cette gestion commune autour de deux formes de sociétés : la coopérative d’habitants et la société
d’attribution et d’autopromotion.

La notion du « vivre ensemble autrement » est constitutive de l’habitat participatif ; il est aussi bien souvent nourri de préoccupations écologiques, les projets misant sur des sources de chaleur renouvelables, des matériaux responsables ou encore une bonne gestion des déchets.

Plus économique qu’un projet de construction classique (de -5 à -15 %), il apporte des réponses à différents enjeux sociétaux : favoriser le lien social et le partage, l’accès à un logement abordable, la préservation de l’environnement, mais aussi le bien vieillir, cette forme d’habitat étant particulièrement adaptée à des personnes âgées ou en situation de handicap autonomes.

L’habitat intergénérationnel

Pour favoriser le bien vieillir à domicile, d’autres modèles d’habitat voient le jour. Parmi eux, l’habitat intergénérationnel (encadré par la loi Élan) propose d’accueillir dans un même logement deux générations (jeunes et seniors) qui se partagent des espaces communs et privatifs. Modèle « gagnant gagnant », il offre notamment une solution alternative aux difficultés des étudiants à se loger. Son modèle repose sur l’entraide et conforte le mieux vivre ensemble entre générations.

9 Français sur 10 souhaitent vieillir à domicile

De nouveaux types de logements pour de nouveaux modes de vie


L’habitat évolutif


La société a changé. Le logement tel qu’il est encore imaginé aujourd’hui apporte peu de réponses concrètes à une espérance de vie qui s’allonge, à un modèle familial de plus en plus changeant et à des parcours de vie moins linéaires que par le passé. Et pourtant ! Au fil du temps, les raisons d’ajuster les murs de son lieu de vie peuvent être multiples. Le logement, dit évolutif, offre de nouvelles perspectives. Il est conçu pour pouvoir s’adapter aux besoins et au mode de vie de ses habitants (notamment aux seniors en perte d’autonomie), pour que puisse être augmenté ou réduit aisément le nombre de pièces à habiter en fonction des étapes
de la vie et des allers-retours de l’entourage familial (arrivée de nouveaux membres, séparation, familles recomposées, départ des enfants, accueil des aînés …).

L'habitat modulaire 32 % des 25-49 ans s'y intéressent

L’habitat alternatif



Plus vertueux, plus léger, plus mobile : l’habitat alternatif constitue lui aussi une manière disruptive de concevoir l’habitat, à rebours des logements traditionnels.
Exit l’appartement en centre-ville ou le pavillon en banlieue ! Face à la crise latente du logement, la hausse des prix de l’immobilier, l’aspiration à plus de sens, d’aucuns sautent le pas et font preuve d’ingéniosité. Conteneurs aménagés, cabanes connectées au design contemporain, maisons imprimées en 3D, pavillons « démontables » réalisés avec des matériaux bio sourcés (bois, paille), « tiny houses », yourtes, vans aménagés : les innovations sont multiples. Elles ont en
commun d’avoir un impact environnemental faible, comparativement à la production classique et, pour certaines, une rapidité de construction. La loi ALUR de 2014 définit l’habitat alternatif comme “une résidence démontable constituant l’habitat permanent de ses utilisateurs”.

L'habitat alternatif 28 % des 35-49 ans seraient prêts à tenter l'expérience

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