La coopérative fonctionne avec une gérance tournante tous les deux ans et des groupes de travail. C’est un modèle où chacun s’investit dans les décisions communes, mais il demande un effort constant pour maintenir cet esprit, surtout avec les nouveaux entrants qui arrivent avec une vision parfois erronée de la coopérative.
Hugo Perrichet est charpentier-couvreur au sein d’Alter-Bâtir, une coopérative d’activités et d’emploi (CAE) parisienne spécialisée dans les métiers du bâtiment et l’écoconstruction. Située dans le XIXe arrondissement de Paris, la coopérative rassemble une soixantaine de coopérateurs.
FNCE : Qu’est-ce qui vous a motivé à choisir le statut d’entrepreneur salarié plutôt que de créer votre propre entreprise ?
HUGO PERRICHET : Je ne souhaitais pas gérer une équipe ou être le patron de quelqu’un. En tant qu’entrepreneur salarié, c’est une alternative à la création d’entreprise, une manière de démarrer son activité sans risque et rapidement. Dès le premier jour on peut utiliser l’assurance, le numéro SIRET de la coopérative et commencer à travailler. C’est d’autant plus important dans les métiers du bâtiment, car on a beaucoup d’assurances (décennale, civile) pour les chantiers et les risques sont immenses. Par ailleurs, la coopérative permet de collaborer avec d’autres professionnels car elle compte divers corps de métiers, tels que plombiers, électriciens, maçons… Cela permet d’échanger des compétences et de s’entraider.
FNCE : Quelles sont les valeurs fondamentales d’Alter-Bâtir et comment se traduisent-elles sur le terrain ?
HUGO PERRICHET : Nos valeurs incluent le local et la proximité, c’est pourquoi nous ne travaillons pas en dehors de l’Île-de-France. La solidarité, l’entraide entre coopérateurs et l’écologie sont également primordiales. Sur les chantiers, nous utilisons des matériaux biosourcés. Nous refusons de collaborer avec des entreprises ayant de mauvais bilans carbone ou employant des salariés non déclarés, et nous évitons les projets d’urbanisation massive en béton. Ces valeurs guident nos choix et nos actions au quotidien.
FNCE : Comment l’esprit coopératif est-il entretenu au sein d’Alter-Bâtir ?
HUGO PERRICHET : Nous nous réunissons une fois par mois pour un repas entre coopérateurs, ce qui permet d’échanger sur la gouvernance en dehors des assemblées générales, qui ont lieu deux fois par an. Ces repas renforcent “l’esprit coopératif”, terme que nous préférons à celui de « team building »* issu du monde de l’entreprise. La coopérative fonctionne avec une gérance tournante tous les deux ans et des groupes de travail. C’est un modèle où chacun s’investit dans les décisions communes, mais il demande un effort constant pour maintenir cet esprit, surtout avec les nouveaux entrants qui arrivent avec une vision parfois erronée de la coopérative.
*cohésion d’équipe
