En quoi la Caisse d’Epargne Normandie est-elle légitime aujourd’hui à parler d’économie à impact positif ?
Bruno Goré. D’abord parce que les valeurs de solidarité et d’intérêt général sont l’ADN des Caisses d’Epargne depuis deux siècles. Ensuite, parce que notre engagement d’entreprise régionale à impact a pris une nouvelle dimension en 2019, lorsque nous nous sommes lancés dans la certification B Corp. Dès l’année suivante, en 2020, la Caisse d’Epargne Normandie l’a obtenue ce qui nous a fait entrer dans une autre dimension de l’impact.
Pourquoi avoir un impact positif vous semble essentiel aujourd’hui ?
Si nous voulons être durablement performant, nous n’avons plus le choix. L’impact n’est plus seulement un sujet d’exemplarité, c’est devenu vital, dans un monde où chaque jour nous mesurons les enjeux en matière d’énergie, de décarbonation, de climat. Soit nous faisons le choix de l’impact, soit nous sommes voués à nous perdre.
En quoi la certification B Corp de la Caisse d’Epargne Normandie a-t-elle conforté sa trajectoire vers plus d’impact positif ?
Cette certification B Corp nous a donné une légitimité moderne et complémentaire à notre histoire, pour nous engager à peser positivement sur l’économie régionale et accélérer dans cette trajectoire. Cette certification, c’est la garantie d’un « état » d’entreprise performante à impact positif mais c’est aussi l’engagement de progresser puisqu’elle n’est pas définitivement acquise.
B Corp garantit que la Caisse d’Epargne Normandie est un acteur économique performant, qui a déjà un impact positif de longue date, avec une représentation de ses clients dans la gouvernance et une qualité de relation avec les parties prenantes.
Un prolongement de l’histoire alors…
Oui. Deux siècles d’histoire ont façonné notre modèle de banque inclusive, utile aux Normands, y compris les plus fragiles avec par exemple des outils comme Parcours Confiance Normandie, Finances et Pédagogie, notre Fonds Initiative Solidaire Normandie, nos contrats PAQTE passés avec les préfectures pour le soutien aux quartiers sensibles. B Corp a remis au devant de la scène ces engagements historiques, tout en renforçant notre positionnement de banque à impact aux yeux du public.
Ce positionnement de banque à impact, comment le résumez-vous ?
Nous nous sommes dotés d’une raison d’être dans nos statuts qui stipule que nous sommes engagés pour l’attractivité et la croissance durable de la Normandie. Nos objectifs associés à cette raison d’être sont clairs : investir en priorité en Normandie la valeur créée par nos performances ; privilégier les projets positifs pour l’environnement, la santé, la formation et l’inclusion ; utiliser l’immobilier – secteur historique pour nous – comme levier de développement économique et de transition écologique.
Cette raison d’être a logiquement servi de socle à notre plan stratégique 2022 – 2025 « croissance et impact ». Elle est aussi un jalon dans la perspective d’évoluer un jour vers le statut de société à mission. Nous nous sommes déjà dotés d’un comité de suivi où siègent des acteurs indépendants comme Benoît Laignel et Armand Hatchuel, pour veiller à l’atteinte de nos objectifs et poursuivre les réflexions.
Les intentions sont claires, mais comment se concrétise le rôle de banque à impact de la Caisse d’Epargne Normandie ?
L’essentiel, c’est effectivement de porter des projets concrets, tant en interne que pour le territoire. Pour avoir un réel impact en Normandie, nous nous appuyons sur ses points forts : l’industrie, l’énergie, la mer… et un tissu d’entreprises de plus en plus engagées pour produire de l’impact positif. Nous voulons favoriser les dynamiques vertueuses en matière de santé, de formation, d’économie solidaire.
Par exemple ?
En interne, nous accélérons sur la décarbonation, nous avons déployé le photovoltaïque à notre siège de Rouen et en ce moment à Caen. Notre flotte de véhicules d’entreprise est désormais 100% électrique et nous allons réduire de 20% nos émissions carbone sur la période 2019 – 2024.
Dans le domaine de la formation aussi, nous avons accéléré. L’insertion des jeunes est devenue un axe fort de notre stratégie de recrutement, nous avons créé deux centres d’apprentissage en Normandie, et développé un partenariat spécifique avec le CFA de Cherbourg. Les problématiques d’accès à l’emploi et de mobilité aussi nous préoccupent.
Nous nous devons aussi d’être exemplaires sur les volets de gouvernance et de relations sociales. Par exemple, sur les questions de parité et d’égalité hommes-femmes sur les salaires, nous avons fait un bond. Sur ce sujet, nous nous distinguons de beaucoup d’entreprises de taille comparable.
Le siège de la Caisse d’Epargne Normandie, à Bois-Guillaume, s’est équipé d’une ombrière photovoltaïque. Une autre sera bientôt installée à Caen. © CEN
L’impact positif, le seul modèle porteur d’avenir
Le siège de la Caisse d’Epargne Normandie, à Bois-Guillaume, s’est équipé d’une ombrière photovoltaïque. Une autre sera bientôt installée à Caen. © CEN
Dans le domaine de la formation aussi, nous avons accéléré. L’insertion des jeunes est devenue un axe fort de notre stratégie de recrutement, nous avons créé deux centres d’apprentissage en Normandie, et développé un partenariat spécifique avec le CFA de Cherbourg. Les problématiques d’accès à l’emploi et de mobilité aussi nous préoccupent.
Nous nous devons aussi d’être exemplaires sur les volets de gouvernance et de relations sociales. Par exemple, sur les questions de parité et d’égalité hommes-femmes sur les salaires, nous avons fait un bond. Sur ce sujet, nous nous distinguons de beaucoup d’entreprises de taille comparable.
Et sur le plan territorial ?
A l’échelle de la Normandie, nous affirmons un rôle de banque des transitions pour accompagner les filières stratégiques régionales, avec de nouveaux outils comme Nautibanque (économie bleue) et Axe CEN, notre banque d’affaires qui accompagne les projets d’innovation et de croissance durable en santé, green business, tech et ESS. Le prix Normandy4Good, que nous avons créé en 2021 pour valoriser l’innovation positive, traduit bien notre volonté de jouer ce rôle d’activateur.
La Caisse d’Epargne Normandie est aussi motrice de la transition énergétique. Outre des offres dédiées aux particuliers, nous sommes financeurs des grands projets de parcs éoliens offshore. Nous sommes partenaires de THN pour la rénovation thermique de parcs de logement (enveloppe de 40 M €). Et nous avons créé la plateforme de financement participatif Kiwaï, dédiée aux projets verts 100% normands. Plus généralement, nous accompagnons tous les acteurs économiques dans leurs projets de décarbonation.
Nous sommes également bien présents dans les réseaux, pour comprendre les transformations et partager les méthodes : Club ETI, Datalab Normandie, structures ESS… La Caisse d’Epargne Normandie participe également à Normandie Entreprises ODD et à la la Convention des Entreprises pour le Climat.
La Caisse d’Epargne Normandie est-elle aujourd’hui la banque normande des entreprises à impact ?
Une chose est sûre : nous voulons partager nos convictions avec les entreprises qui souhaitent aussi avoir un impact. Aujourd’hui, chacun de nos dossiers de crédit entreprise comporte un questionnaire RSE. L’idée n’est pas de « faire la leçon », mais de bien appréhender la trajectoire RSE des sociétés clientes, pour nourrir un dialogue sur les projets possibles dans ce domaine et que nous pourrions accompagner.
La bascule globale vers une économie à impact vous paraît-elle enclenchée ?
Dans tous les secteurs d’activité, dans toutes les filières, les projets surgissent, de l’énergie au portuaire, de la logistique au secteur industriel. Je constate une accélération du processus en Normandie. Ce qui pouvait paraître marginal ou singulier il y a encore quelques années passe aujourd’hui à grande échelle. Les aides et les dispositifs favorisent cette accélération. Et dans l’entreprise, l’impact devient un fort vecteur d’adhésion de la part de l’encadrement et des collaborateurs. C’est un signe très encourageant.