Le secteur bancaire face aux risques climatiques

Sécheresses, inondations, incendies, famines, pandémie… La liste des fléaux liés au réchauffement climatique ne fait pas rêver, mais c’est le monde qui nous attend, si l’on ne change rien. Contraint d’opérer une transition vers une économie bas carbone, le secteur financier doit gérer les risques liés à cette transition et participer à son financement. Éclairage.

Cédric Merle

responsable du centre d’expertise et d’innovation du Green & Sustainable Hub de Natixis Corporate & Investment Banking

Le dernier rapport du GIEC est formel : la limite à +1,5°C à l’horizon 2100 telle qu’annoncée par les Accords de Paris ne pourra pas être tenue. On devrait plutôt atteindre au moins +2°C d’ici là. Face à ce constat, il n’y a qu’une issue possible : adopter une politique bas carbone, afin de ralentir le processus. « En seulement 20 ans, nous pourrions même voir une décélération du réchauffement climatique », indique le rapport qui ne veut pas verser dans le pessimisme.

Le milieu bancaire particulièrement exposé

Le secteur bancaire, en tant qu’acteur central de l’économie, est particulièrement exposé aux risques climatiques. Le changement climatique a un impact financier concret, affectant plusieurs domaines de l’activité bancaire, notamment les prêts, les investissements et les assurances. Les inondations peuvent entraîner des défauts de paiement, les sécheresses peuvent compromettre la solvabilité des entreprises agricoles, et les tempêtes peuvent détruire des biens assurés.

Deux grandes familles de risques sont identifiées : les risques physiques et les risques de transition. Les premiers sont des pertes directes causées par des phénomènes climatiques extrêmes, tels que les ouragans ou les inondations, ou chroniques, comme la hausse des températures ou du niveau des mers. Ils sont quantifiables : par exemple, en 2023, les catastrophes naturelles ont engendré 280 milliards de dollars de dégâts dans le monde, dont 108 milliards de dollars couverts par les compagnies d’assurance, indique le réassureur suisse Swiss Re.

Plus difficiles à identifier et donc à anticiper, les risques de transition sont les conséquences économiques et financières d’une transition vers une économie bas carbone. Risques de crédit, risques de liquidité, risques de réputation… déjà bien connus des banques, ils sont amplifiés par
le changement climatique.

Identifier et piloter les risques

Pour faire face à l’urgence de la situation, des délais ont été fixés à chaque établissement financier, avec, à l’horizon fin 2024, l’obligation pour eux de répondre aux exigences de la Banque centrale européenne (BCE) en matière de publication d’indicateurs.

Dans cette optique, le Groupe BPCE a révisé l’intégralité de ses politiques sectorielles afin de les enrichir de critères ESG. Par ESG, comprenez “environnementaux, sociaux et de gouvernance” : la performance économique n’est désormais plus l’unique grille d’évaluation. Natixis a par exemple lancé un mécanisme de « bonus-malus » d’allocation de capital interne, dénommé́ le « Green Weighting Factor », qui passe par une notation de tous ses financements selon leur impact sur le climat et d’autres items environnementaux pertinents.

Objectif pour BPCE : réduire progressivement à zéro l’exposition au charbon thermique d’ici à 2030 pour l’ensemble des activités du groupe dans les pays de l’UE et de l’OCDE et, d’ici à 2040 dans le reste du monde. Afin de mener à bien cette mission, une filière “Risques climatiques”, fédérant un réseau de correspondants dans l’ensemble des entreprises du groupe et dans les différents métiers, a été créée en 2020. En parallèle, BPCE a lancé un vaste programme de sensibilisation et de formation pour ses collaborateurs, afin de les impliquer dans l’atteinte des objectifs du groupe.

275 MDS de dollars de dommages causés par les catastrophes

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