Interview : la filière sport, un écosystème à bénéfices multiples

Fort de son engagement historique dans le sport et de son partenariat Premium des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, le Groupe BPCE réalise depuis 2020 des travaux approfondis d’observation, de compréhension et d’analyse de la filière sport. Interview croisée d'Alain Tourdjman, directeur des Études économiques & prospective à BPCE et de Julien Laugier, économiste - responsable de projet stratégie à BPCE.

Quelle place la filière sport tient-elle aujourd’hui dans notre économie ?


JULIEN LAUGIER : La filière sport est un écosystème composé de nombreux acteurs, tant publics comme l’État ou les collectivités territoriales, que privés comme les associations sportives ou les entreprises du sport. Au total, on estime à 64 milliards d’euros le PIB de la filière sport, ce qui représente 2,6 % du PIB national. C’est l’équivalent du secteur de l’hôtellerie-restauration. Les dépenses de consommation des ménages en sport sont le pilier économique de la filière. Elles regroupent les achats ou locations d’articles de sport, la pratique d’un sport (en autonomie, en association, à l’école, en salle de sport, …), le « sport spectacle » (médias sportifs, billetterie, paris sportifs). L’investissement des entreprises du sport et des collectivités territoriales contribue à la vitalité économique de la filière sport.

Comment sont valorisés les investissements des entreprises et des collectivités territoriales ?


JULIEN LAUGIER : Les collectivités territoriales investissent chaque année environ 5 Md€ dans le sport et sont propriétaires de 80 % des équipements sportifs.
Plus spécifiquement, ce sont les communes et les intercommunalités qui occupent une place prépondérante dans la politique sportive, souvent en étroite coopération avec les associations sportives. Aujourd’hui, un des principaux défis des élus du sport est la rénovation du parc des équipements sportifs : 21 % de ces équipements ont plus de 35 ans et n’ont jamais été rénovés.

Au-delà de sa contribution au PIB, quels sont les apports du sport ?

ALAIN TOURDJMAN : Le sport contribue aussi à l’inclusion sociale, à l’animation territoriale, à la santé publique… Cette dimension sociétale fait écho à une vision du sport qui a considérablement évolué ces vingt dernières années. Aujourd’hui, la majorité des pratiquants l’associe moins à l’esprit de compétition et à l’excellence qu’à une recherche d’équilibre personnel. La réalisation de soi à travers des expériences enrichissantes, le contact avec la nature et l’échange interpersonnel mais surtout la préservation d’un capital santé, voire la préoccupation de son apparence, sont leurs principales motivations.

La pratique du sport a-t-elle évolué ?


ALAIN TOURDJMAN : La pratique du sport a changé à beaucoup d’égards. De nouveaux sports sont apparus (futsal, basket 3×3, Parkour…) et les attentes ont évolué, notamment chez les urbains. Les sportifs pratiquent souvent plusieurs disciplines, aspirent à davantage de flexibilité et à une meilleure adaptation à leur situation personnelle, d’où le développement du coaching sportif. De même, on assiste à une montée de la pratique sportive en autonomie, dans des structures privées ou avec l’assistance d’objets connectés tandis que les associations doivent relever le défi de cette mutation du sport et de ses publics. En effet, la pratique sportive s’est beaucoup diffusée chez les seniors et s’est nettement féminisée, y compris dans des disciplines traditionnellement plus masculines comme le football, le rugby, ou la boxe.

Alain Tourdjman, directeur des Études économiques & prospective à BPCE
Julien Laugier, économiste – responsable de projet stratégie à BPCE