Taux bas : opportunités ou menaces ? Les Caisses d’Epargne vous répondent

Regards sur l'épargne #2

Ce second numéro de « Regards sur l’Épargne » se concentre sur l’impact de la baisse des taux d’intérêt sur votre épargne actuelle ou future. Si le contexte de taux bas profite à la consommation avec un argent « pas cher », les épargnants voient le rendement de leurs placements diminuer, ce qui devrait les inciter à se tourner vers des produits plus rémunérateurs mais beaucoup plus risqués.

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Pourquoi les taux d’épargne sont-ils si bas ?

Après le déclenchement de la crise financière de 2008, la FED (banque centrale américaine) a opté pour la mise en œuvre d’une politique monétaire non conventionnelle consistant à acheter des titres de dettes publiques dans le but de faire baisser les taux d’intérêt à moyen et long termes. Toutes les banques centrales des grands pays développés, dont la Banque centrale européenne, ont, en suivant, procédé à des baisses de leur taux d’intérêt principal.

François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France – Les Echos, 21 octobre 2019.

Les conséquences de ces politiques monétaires ont été de déverser des masses considérables de liquidités sur les marchés financiers et de provoquer des baisses très importantes des taux d’intérêt. Dans ce contexte, la politique d’assouplissement quantitatif lancée par la BCE début 2015 se traduit par l’apparition de taux dit d’intérêt négatifs.

2019 ou le paradoxe de l’épargne

Dans ce contexte de taux bas où les rendements de l’épargne sont largement pénalisés, il serait normal de constater une baisse du taux de l’épargne. Or, c’est exactement le contraire qui se passe.  Un vrai paradoxe dans notre économie de marché. De plus, les Français continue de figurer parmi les Européens qui épargnent le plus.

Ruée vers l’immobilier

Le contexte de taux bas a galvanisé les ventes de logements anciens (plus d’un million sur l’année 2019, un chiffre en croissance constante depuis 2014) et neufs. Le nombre de transactions immobilières a augmenté de plus de 41% entre 1999 et 2019 selon une étude du Crédit Foncier Immobilier.

La durée des prêts octroyés, tous logements confondus, est en moyenne de 244 mois (20 ans) au troisième trimestre 2019, contre 194 mois (16 ans) en 2004. La baisse des taux et l’allongement de la durée des crédits ont entraîné l’augmentation du pouvoir d’achat immobilier des ménages, qui s’accompagne de la forte hausse des prix de l’immobilier. Entre 1999 et fin 2018, l’INSEE estime que les prix de l’immobilier ont progressé de 153% en France.

Une épargne réglementée mais attractive

L’assurance-vie reste une valeur sûre malgré la baisse des rendements : En effet, selon la Fédération Française de l’Assurance (FFA), la France compte 37 millions de bénéficiaires d’assurances-vie qui ont souscrit pour la plupart des contrats en euros au capital garanti et au rendement généreux. L’encours s’élève à 1 779 milliards d’euros à fi n octobre 2019, en progression de 5 % sur un an malgré la baisse des rendements. De 5,3% en 2000, les rendements de l’assurance-vie sont passés à 1,83% en 2018, et devraient avoisiner les 1% pour 2019. Le montant des cotisations collectées par les sociétés d’assurance au cours des dix premiers mois de 2019 est de 121,8 milliards d’euros (117,5 milliards d’euros sur la même période en 2018). Les versements sur les supports unités de compte représentent 30,1 milliards d’euros, soit 25 % des cotisations.

Taux d'épargne

 

Le livret A, vers un nouveau record de la collecte : Plus de 200 ans après sa création par la Caisse d’Epargne, le livret A recueille toujours autant de succès auprès des Français. Sur les dix premiers mois de l’année 2019, le livret A et le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) ont enregistré une collecte cumulée de 16,77 milliards d’euros, avec 13,63 milliards sur le Livret A et 3,14 milliards sur le LDDS. Par décision du gouvernement en novembre 2017, le taux du livret A doit rester bloqué à 0,75 % net jusqu’au 31 janvier 2020. Au-delà de cette date, il devrait, au regard de la formule de calcul utilisée pour définir son niveau, passer à 0,5%.

Les perspectives de l’épargne

Des dépôts qui augmentent

Les dépôts sur les comptes à vue et les livrets continuent de progresser pour atteindre 606 milliards d’euros à fi n septembre 2019 à comparer aux 231 milliards du 1er trimestre 2000. Un phénomène qui perdure et s’amplifie, sorte de choix par défaut, compte tenu d’un manque de produits suffisamment rémunérateurs, et d’un attentisme à arbitrer, faisant ainsi des dépôts à vue le 1er produit d’épargne des ménages !

Sondage réalisé par Odoxa pour l’APECI

Hausse de l’investissement dans des produits risqué pour un rendement plus fort

Conséquence de ces taux faibles, voire négatifs est l’orientation des investissements. En effet, près d’un Français sur quatre (22%) serait aujourd’hui enclin à se tourner davantage vers des placements plus « risqués » pour un meilleur rendement. Dans cette perspective, des principes fondamentaux pour éviter de rentrer au mauvais moment sur le mauvais segment. Toutefois, pour ne pas voir ses « noisettes » disparaitre ; il est recommandé, comme le dit Robert Ophèle (amf), de demander conseil à votre banquier !

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