En 1927, il est décidé d’organiser des « conférences radiophoniques, ayant à la fois un caractère historique et un caractère d’actualité », qui seraient données par les personnalités les plus connues du monde économique et financées afin de leur donner plus de poids.
C’est oublier que la radiodiffusion n’est pas encore entrée dans les mœurs et qu’elle reste cantonnée à des passionnés de technique, et pour cause, si certains d’entre eux achètent des postes TSF (téléphonie sans fil) auprès de quelques sociétés qui se sont lancées dans cette activité, la plupart construisent eux-mêmes leur récepteur à partir de pièces détachées. Une fois le poste monté ou acheté, l’écoute se fait au casque et après bien des tâtonnements du fait des difficultés à capter les stations privées ou publiques ; sans compter les nombreux sifflements ou perte de son ou encore les déréglages intempestifs causés par la simple approche de la main.
Ces difficultés techniques alliées au coût de l’achat du matériel font qu’il n’existe à la fin des années 1920 qu’un récepteur pour 100 habitants, lieux privés et publics confondus. Que cela ne tienne, un des directeurs de la Caisse d’épargne de Sens, misant justement « sur la curiosité qui porte chacun à entendre et connaitre [cette] merveilleuse invention », « propose, [en juillet 1928], d’organiser des auditions musicales gratuites pour tous les titulaires de livrets ». Avec l’idée d’attirer ainsi « une clientèle nouvelle propre à souscrire des livrets de Caisse d’Epargne ».
La Caisse d’Epargne trop en avance sur son temps devra attendre encore quelques années avant de pouvoir faire entendre les « voix du livret » auprès du plus grand nombre.