Jusque dans les années 1930, la majorité des départements ne disposent pas encore d’administrations sanitaires et les maisons particulières sont rarement pourvues du confort et de la salubrité la plus élémentaire. Les établissements de bains-douches viennent pallier ces carences et assurer un service d’hygiène accessible à tous.
Dès le début du XXe siècle, les Caisses d’Epargne, en grand nombre, financent leur construction et assurent leur mise en service, témoignant de leur engagement sociétal de proximité. Tel est le cas à Belfort, où la Caisse d’Epargne fait bâtir au début des années 1910 un établissement de bains « dernier cri », rue Fréry, aux côtés des Halles.
Aujourd’hui démolis, ils avaient belle allure ! Une petite visite s’impose. Flash-back en 1912. Laissons-nous guider.
« « Franchissons maintenant le seuil de la construction : la vue de la façade de l’établissement que nous vous soumettons est gracieuse, l’ensemble de la construction donne une impression d’un élégant confort moderne, tout en effet a été soigné, mais rien n’a été exagéré : de l’aisance, mais pas de luxe inutile.
Une fois le seuil franchi, le visiteur se trouve dans une vaste salle d’attente aux peintures claires et aux meubles confortables et élégants : devant lui, la Caisse ; à droite, les baignoires au nombre de six ; à gauche, les cabines de bains-douches au nombre de vingt. […]
Pénétrons dans l’aile gauche où se trouvent les bains-douches […]. Un couloir […] donne accès au couloir central qui dessert les vingt cabines rangées face à face, mises à la disposition du client ; toutes sont identiques, mais ce qui est particulièrement agréable à constater, c’est de se trouver au milieu d’une atmosphère tempérée convenablement par le calorifère, atmosphère lumineuse autant qu’il est possible de la désirer puisque l’éclairage est donné à la salle par un double plafond en verre cathédrale, laissant pénétrer à flots la lumière solaire, tout en évitant le refroidissement de l’air ambiant.
Ce bien-être est complété par la vision, devant, derrière, comme à coté de soi, des revêtements des murs en céramique blanche, laquelle contribue à donner un aspect de gaie propreté, peu coutumière dans les établissements de bains et dont l’effet immédiat est de disposer favorablement le baigneur. Ce dernier, enchanté, pousse une porte en pitchpin verni fermant les cabines, et s’empresse de se dévêtir pour essayer ce bain-douche dont il a tant entendu vanter les bienfaits et dont il est pressé de constater les effets à son tour. [ …]
Sa toilette finie, le corps bien baigné, le client s’essuie convenablement, se rhabille, sort et cède la cabine à un autre arrivant. […]
On trouve – et ceci tout particulièrement est agréable aux dames- une large et excellente glace dans laquelle les intéressées peuvent constater qu’elles sont plus fraîches et plus charmantes après le bain-douche, certitude qui suffit, nous en sommes certains à l’avance, à les engager à revenir fréquemment. »
(Extraits de Bains-douches et lavoirs, par la Caisse d’épargne de Belfort, Paris, Librairies réunies,1912)