Avant 1965, c’est uniquement avec l’autorisation de son mari qu’une épouse pouvait exercer un métier et était limitée dans sa capacité à accomplir des actes juridiques. L’impossibilité d’ester en justice par exemple pesait bien lourd et expliquait pour partie l’absence supposée des femmes dans le milieu des affaires et leur repli sur l’espace familial et caritatif.
Pourtant, au-delà des apparences, les femmes n’étaient pas absentes de l’entreprenariat. Elles travaillaient depuis longtemps à leur compte dans des microentreprises, le petit commerce, l’agriculture… mais de manière invisible car leur entreprise était inscrite au nom de leur mari.
C’est ainsi que Gervaise, l’héroïne de l’Assommoir de Zola qui projetait d’ouvrir à son compte un petit commerce acheté avec les épargnes amassées sur son livret, n’aurait jamais été comptabilisée comme entrepreneure.
Dans les recensements, celles qui se déclaraient commerçantes ou patronnes étaient veuves, célibataires ou séparées. Le droit de veuvage favorisait et rendait visible cet entreprenariat féminin. Voilà pourquoi à chercher des patronnes d’entreprises constituées en société on ne trouve trop souvent que ce profil dans les archives.
Certaines ont réussi à rester dans les mémoires : la veuve Clicquot, grande dame de Champagne, la veuve Florimont-Desprez, patronne d’une entreprise de semence du Nord, ou bien Yvonne-Edmond Foinant, dirigeante d’une l’entreprise d’outillage industriel, fondatrice de l’Association « Femmes chefs d’entreprise ».
La « patronne veuve » a ainsi permis de révéler la réalité de la patronne tout court, participant par la mise en avant de figures de femmes indépendantes, à une lente affirmation de cette autonomie féminine à laquelle les Caisses d’Epargne contribuent depuis la fin du XIXe siècle.
Depuis, la situation a bien évolué. 4 créateurs d’entreprises individuelles sur 10 sont aujourd’hui des femmes. Il reste pourtant encore du chemin à parcourir dans une société où les freins, externes comme internes et culturels, à la création d’entreprise par les femmes restent importants.
Outils spécifiques, actions de sensibilisation et d’animation, soutien de partenaires et d’évènements (prix, trophées…), financement par le Fonds de garantie à l’initiative des femmes (FGIF), études et baromètres des femmes entrepreneures : depuis plusieurs années, les Caisses d’Epargne renforcent leur soutien envers l’entreprenariat féminin. Un engagement historique qui s’accentue d’année en année.