Quel regard portez-vous sur la crise sanitaire que nous traversons ?
Jean Arondel : Inédite pour nous tous, la période de confinement que nous venons de traverser a été marquée par l’engagement, partout en France, au plus profond des territoires. Je pense en premier à celui des personnels soignants et de tout le corps médical pour aider les victimes à lutter contre la maladie. Je pense aussi à la mobilisation de tous ceux qui, travaillant dans des secteurs essentiels, ont assuré le fonctionnement du pays. Les collaborateurs des Caisses d’Epargne, notamment ceux qui accueillent nos clients dans les agences, font partie de ces personnes engagées.
Florence Raineix : Dès le début de la crise, les Caisses d’Epargne se sont mobilisées pour assurer à leurs clients l’accès aux services bancaires nécessaires à leur quotidien mais aussi pour soutenir l’économie, notamment en déployant les mesures gouvernementales d’urgence, comme le prêt garanti par l’Etat et le report d’échéances de prêts. Il faut également souligner le formidable élan de solidarité nationale qui s’est manifesté partout en France. Les Caisses d’Epargne y ont grandement participé, qu’il s’agisse des dons de masques ou du soutien aux associations engagées dans le domaine sanitaire et social.
Quelles conséquences la crise va-t-elle entraîner sur nos activités ?
Jean Arondel : Alors que nous ne faisons que sortir progressivement du confinement, il est difficile d’avoir une idée précise des conséquences de cette crise sur la durée. Mais il semble évident que les enjeux environnementaux et de santé, déjà prégnants auparavant, vont prendre encore plus d’importance.
“La crise nous renvoie au sens de nos activités,
à la manière dont nous les exerçons et aux valeurs qui nous animent.”
Cette crise a mis en évidence certaines carences dans nos circuits économiques et dans nos modes de consommation. Les services offerts par les Caisses d’Epargne à leurs clients vont s’appuyer davantage sur les technologies du digital. Les besoins spécifiques du secteur hospitalier, dont les Caisses d’Epargne sont le premier financeur privé, font d’ores et déjà l’objet d’un vaste plan d’accompagnement assorti d’une enveloppe de financement d’un milliard d’euros.
La crise nous renvoie au sens de nos activités, à la manière dont nous les exerçons et aux valeurs qui nous animent. Elle aura déclenché chez beaucoup de citoyens une prise de conscience de ce qui est essentiel. La proximité, la solidarité, la confiance, la cohésion sociale, l’approche humaniste et la vision long terme de l’économie… Tous ces marqueurs sont plus que jamais au cœur de notre modèle La mise en place du confinement a eu des répercussions importantes sur la vie coopérative dans les Caisses d’Epargne, en particulier l’organisation des assemblées générales et l’information des sociétaires.
Florence Raineix : Le confinement est intervenu au moment où, comme chaque année, les Caisses d’Epargne et la Fédération nationale préparent les assemblées générales de sociétés locales d’épargne. Fin mars, à la suite d’une ordonnance gouvernementale, nous avons été amenés à revoir le format de ces assemblées générales et à mettre en place un dispositif spécifique d’information et d’expression des sociétaires. Inédite à bien des égards, cette année 2020 verra donc organiser à huis clos, sans la présence physique des sociétaires, les 208 assemblées générales des sociétés locales d’épargne.
La possibilité des sociétaires à exercer leurs droits et à s’exprimer est cependant maintenue grâce aux outils digitaux. De plus, avec le choc économique provoqué par la crise, les autorités monétaires et financières françaises et européennes ont demandé aux banques de surseoir au paiement des intérêts aux parts sociales. Les Caisses d’Epargne vont donc proposer de verser l’intérêt aux parts sociales le 30 septembre sauf si, d’ici là, les mêmes autorités l’interdisent. Tout cela a pu se mettre en place rapidement et avec efficacité, grâce à la mobilisation de l’équipe fédérale, des Caisses d’Epargne et de BPCE, de sorte que les sociétaires puissent disposer de toute l’information nécessaire et que les droits attachés à leurs parts sociales soient respectés.
Les Caisses d’Epargne ont adopté le statut coopératif il y a 20 ans. Qu’est-ce que cela évoque pour vous ?
Jean Arondel : Cette réforme du statut juridique des Caisses d’Epargne, votée en 1999, suivie au début de l’année 2000 de l’ouverture de leur capital aux clients, est une réussite collective dont nous pouvons être fiers. Une preuve de plus de la formidable capacité d’adaptation des Caisses d’Epargne depuis plus de 200 ans. Plus de 4,5 millions de nos clients se sont engagés à nos côtés et nous ont fait confiance en devenant sociétaires. Ce sociétariat, ce socle coopératif, est solide.
Depuis 20 ans, la relation que les Caisses d’Epargne tissent avec leurs sociétaires et les administrateurs qui les représentent s’enrichit un peu plus chaque jour, grâce à la confiance et à l’écoute réciproque dont elle témoigne. Je suis très heureux d’exercer des responsabilités au sein de la gouvernance coopérative de la Caisse d’Epargne LoireCentre depuis plus de 20 ans et de présider aujourd’hui la Fédération nationale.
Florence Raineix : Cette année 2020 marque la fin de la mandature en place depuis début 2015 et nous préparons activement le renouvellement de la chaîne de représentation et de gouvernance coopératives à tous les échelons : local, régional et national. En janvier prochain, les sociétaires des Caisses d’Epargne seront invités à élire pour 6 ans les administrateurs qui les représenteront au sein des sociétés locales, lesquels désigneront les membres des conseils d’orientation et de surveillance de Caisses d’Epargne.
Le processus électif se terminera au printemps 2021 avec le renouvellement de la présidence de la Fédération nationale ainsi que la désignation des représentants des sociétaires au conseil de surveillance de BPCE. Nous aurons durant la prochaine mandature à relever de nouveaux enjeux et à consolider certains acquis, comme la recherche du meilleur équilibre entre les femmes et les hommes dans les instances, la formation des élus, le développement de la vie coopérative ou encore la promotion de notre modèle dont les vertus et spécificités ne sont pas suffisamment reconnues.