La place du numérique dans le secteur associatif

Inclusion numérique des associations

« Le numérique permet de s’adapter à l’évolution des pratiques et au mode de fonctionnement des adhérents, il permet d’être plus proche d’eux ». Ce témoignage d’un responsable associatif résume bien la problématique à laquelle sont confrontées les associations quant aux apports du numérique dans leur activité. Collecter des dons, mobiliser de nouveaux bénévoles, mieux se faire connaitre, animer son réseau… Dans ces nécessités quotidiennes, le numérique peut apporter une aide précieuse. Encore faut-il y avoir accès.

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L’étude conduite par Solidatech et l’association Recherches & Solidarités révèle une grande diversité de situations, selon les domaines d’activité, la taille des associations, la présence et le nombre de salariés, l’action menée en milieu rural ou urbain ou encore l’appartenance ou non à une union ou fédération.

En terme de « maturité numérique », plus de la moitié des associations s’estiment « en progrès » tandis que 21 % d’entre elles se disent soit « peu initiées », soit « expérimentées ». On relève une maturité plus forte dans les associations qui œuvrent dans le domaine de la culture et plus faible dans le secteur des loisirs. D’autre part, la maturité augmente avec le nombre de salariés. Quant à l’implication dans les questions relatives au numérique (choix de nouveaux outils, formation, stratégie…), elle est dans un tiers des associations du ressort de « quelques personnes initiées ».

Enfin, sur les objectifs des associations dans l’utilisation des outils numériques, ceux qui concernent la gestion, l’animation et la communication sont les plus recherchés et souvent les mieux remplis. Le taux de réussite est moindre sur les usages collaboratifs et sur les nouveaux services aux adhérents, de par les nombreuses difficultés de mise en oeuvre. Ils nécessitent en effet, non seulement de choisir ou de mettre au point les bons outils, mais surtout de repenser totalement les habitudes de travail.

Autant d’objectifs plus difficiles à atteindre. Dans la mesure où ils sont particulièrement ambitieux, les objectifs relatifs à la recherche de financements et à la mobilisation de nouveaux bénévoles ne sont atteints que pour 39% et 38% des responsables associatifs.

Inclusion numérique - association - Caisse d'epargne

Ces sujets sont particulièrement sensibles pour eux car ils placent beaucoup d’espoir dans toutes les initiatives – appuyées ou non par le numérique – qui peuvent les aider. Il ne suffit pas de mettre en ligne une demande, qu’elle soit financière ou humaine, en espérant qu’elle croisera l’attention d’un donateur ou d’un candidat au bénévolat : il faut aussi une présentation attractive du projet, une organisation et une stratégie établies en amont, une communication adaptée et percutante, des relances, un suivi…

Rationaliser les usages

Pour répondre à ces différents objectifs, les responsables associatifs disposent d’une panoplie d’outils qui se diversifient et se renouvellent en permanence. Ils peuvent être classés en quatre grandes familles pour déterminer leur utilisation aujourd’hui et leurs marges de progression :

  • Les outils de communication externe, avec surtout le site internet et les réseaux sociaux, qui sont très largement partagés par les associations. On en compte autant diffusant une newsletter que prévoyant de le faire. La vidéo est en perte de vitesse, principalement à cause d’une perte de compétences en interne et des coûts trop élevés.
  • Les outils d’organisation interne, pour la comptabilité, la gestion, le stockage en ligne que plus d’un tiers des associations utilisent aujourd’hui et qu’un tiers souhaiterait utiliser demain.
  • Les outils d’animation de ce qu’il est convenu d’appeler le réseau de l’association (dirigeants, bénévoles, adhérents, salariés et bénéficiaires éventuels), sont ceux qui nécessitent une véritable « conduite du changement ». Les plus utilisés d’entre eux sont les outils collaboratifs, cependant en repli ces dernières années, généralement parce que les utilisateurs sont mal formés ou que les règles d’utilisation ont été mal définies en interne. Egalement peu utilisés, les outils de formation à distance ou encore les applications smartphone, présentent cependant un fort potentiel de développement.
  • Les outils destinés à la recherche des ressources, pour obtenir des financements, via le don en ligne ou pour trouver de nouveaux bénévoles, via des plateformes dédiées. En dépit d’une très forte attente et de difficultés largement partagées sur les sujets liés au bénévolat, les associations ne sont encore que 6% à utiliser ces plateformes, mais 37% à l’envisager. En matière de don en ligne, elles sont trois fois plus nombreuses aujourd’hui (18%) et 33% le prévoient à l’avenir.

La situation s’améliore sur l’accès aux outils, leur maîtrise technique, la prise en compte de conditions favorables pour une bonne appropriation au sein des équipes. Pour autant, le besoin d’une meilleure connaissance de l’offre et le désir de formation continuent d’augmenter.

Les atouts d’une approche globale

La place du numérique dans le projet associatif peut s’appréhender en fonction de la maturité numérique mais aussi selon la prise en compte du sujet au plan stratégique, c’est-à-dire selon qu’il fait, ou non, l’objet d’une approche globale. Celle-ci est réelle dans 11% des associations, en bonne voie dans 28% d’entre elles. A l’inverse, 45% des responsables d’associations regrettent que ces aspects soient gérés au coup par coup. Environ 16% des responsables ne voient pas l’intérêt d’une telle démarche globale. Ces derniers ne sont que 57% à observer des effets positifs du numérique, contre 94% de ceux qui adoptent une approche globale.

Le numérique est une « boîte à outils » au service du projet associatif, par nature propre à chaque structure et susceptible d’évoluer dans le temps. Elle doit en tenir compte pour définir au préalable ce qu’elle attend du numérique et choisir les solutions et usages les mieux adaptés. Cette préoccupation est d’autant plus importante, face à une offre qui se renouvelle en permanence et qui propose toujours plus de fonctionnalités. Les associations n’échappent pas au risque de fracture numérique.

Des bénévoles non connectés se trouvent parfois vite isolés et quittent l’association, des dirigeants coupés des nouveaux circuits de décisions, instaurés au moyen du numérique, finissent par démissionner… Il est donc important d’élargir le cercle des initiés pour permettre à chacun d’avoir un bagage numérique minimum et pour impliquer tous les acteurs de l’association. Il faut savoir tenir compte des éventuelles résistances et prendre le temps de faire accepter les changements.