La femme au cœur de l’imaginaire Caisse d’Epargne… depuis toujours !

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Dès sa création en 1818, la Caisse d’Epargne se distingue par sa volonté de s’ouvrir en direction des exclus de la finance, parmi lesquels … les femmes. Longtemps considérées comme “incapables majeures”, elles s’émanciperont progressivement de la sphère domestique et de l’autorité maritale avec le soutien de la Caisse d’Epargne pour gagner leur indépendance financière. Dès 1881, en violation du code civil napoléonien, l’épouse se voit en effet ouvrir la possibilité d’utiliser son livret, seule et sans l’accord de son mari.  Une liberté sans tutelle qui ne leur sera accordée dans le banques qu’en 1965.

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Ce qui n’est pas sans susciter de vives oppositions comme en témoigne cette diatribe du sénateur Philippe Le Royer lors de la séance parlementaire du 28 mars 1881 : « C’est le mari qui est le maître et l’administrateur de la communauté, et toute somme qui est prélevée est, passez-moi l’expression quelque dure qu’elle soit, une soustraction. […] Si le mari est annulé dans la circonstance, privé de tous ses droits de direction, de possession, mais alors voilà la femme émancipée ! Et que devient dans ces conditions le mariage ? Que devient l’autorité maritale ? ». Il se heurte au sénateur Edouard Laboulaye qui, à l’inverse, proclame haut et fort : « Le mari est la dépense de la maison, la femme est la recette. Cela n’est pas contestable. C’est elle qui économise, c’est elle qui s’occupe des enfants, c’est elle qui s’occupe du grand fléau de l’ouvrier, le loyer, qui revient si souvent. Et vous voulez refuser à la femme le droit de prendre sur ses économies une pièce de vingt ou quarante sous qu’elle ira porter à la caisse d’épargne ! Et cela par amour pour les principes du mariage ! Mais votre amour pour le mariage est une cruauté pour la femme ! »

Dans sa communication et ses publicités, la Caisse d’Epargne aura tôt fait de donner une primauté à cette clientèle féminine privilégiée – en 1900, elles étaient 3,5 millions de déposantes -, là où, pendant fort longtemps (et ce jusque dans les années 1970) celles des banques commerciales privilégiaient plutôt la figure masculine pour parler d’argent.  Quand il s’agit d’épargne, la référence féminine s’impose !

8mars3Cette primauté transparaît aussi dans la culture populaire. Les deux plus grandes figures romanesques détentrices d’un livret de Caisse d’Epargne sont ainsi des femmes : Gervaise, l’héroïne de Zola dans L’Assommoir, et Fleur de Marie, celle d’Eugène Sue dans Les Mystères de Paris. Si toutes deux sont épargnantes, toutes deux voient également dans cette capacité à épargner librement un moyen d’échapper à leur condition en créant, grâce leur économie, leur propre petite entreprise.

Et pour aller plus loin, (re)Découvrez le blog www.desfemmesquicomptent.com