1818-2018 : Les secrets de l’histoire

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En ce début de 19e siècle, l’Europe monarchique et chrétienne est dominée par l’Angleterre et la Russie. En France, c’est la Restauration. Le pays est en plein bouillonnement politique, intellectuel, financier et la pensée des Lumières va jouer un rôle déterminant. L’idée d’épargne va prendre son essor grâce à une poignée de philanthropes bien déterminés à offrir à l’individu un nouvel éclairage sur lui-même et sur la perception qu’il a de la société.

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En 1787, un banquier nommé Étienne Delessert fonde la « Compagnie royale d’assurances sur la vie ». Condorcet, Talleyrand et Mirabeau y sont actionnaires et administrateurs mais la révolution va emporter cet élan de prévoyance et il faudra attendre 1818 pour que le fils, Benjamin Delessert, en association avec François de La Rochefoucauld-Liancourt, reprennent cette idée de Caisse. Les deux philanthropes sont convaincus qu’elle peut être une des solutions à la précarité. Ils vont tout d’abord s’adresser aux travailleurs qui jouissent de revenus réguliers comme les ouvriers, que la révolution industrielle a fait passer du champ à la fabrique. Cette population déracinée et confrontée à des conditions de travail difficiles, mène dans les villes, une vie aux lisières d’une indigence dans laquelle tout aléa peut un jour la précipiter.

Dimanche 15 novembre 1818…

Le dimanche 15 novembre 1818, à 9 heures du matin, une nouvelle institution ouvre ses portes au public, au 104 rue de Richelieu, à Paris : la Caisse d’Epargne. Elle le fera désormais tous les dimanches de chaque semaine de 9h00 à 12h00. L’organisme est ouvert à tous : hommes, femmes et enfants, dès la naissance. La création de la Caisse d’Epargne marque ainsi l’avènement de la démocratisation financière. Au cours de la première journée d’ouverture de la Caisse d’Epargne, 28 livrets sont ouverts. D’honnêtes artisans y ont apporté le produit de leur économie ainsi que des pères de familles pour leur enfant en bas-âge : 11 livrets sur 28 sont ouverts à des enfants mineurs des deux sexes. Au 31 décembre 1818, la Caisse d’Epargne compte 352 déposants. Si la Caisse d’Epargne séduit rapidement les épargnants aisés, attirés par un placement rémunéré au capital garanti, elle touche peu les populations les plus modestes à laquelle elle est destinée.

Lamartine, un administrateur engagé

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Dans les cinq années qui suivent la création parisienne, seuls dix établissements voient le jour. Des personnalités de premier plan militent pour l’essor de l’institution, tel Alphonse de Lamartine, qui deviendra un des administrateurs de la Caisse d’Epargne de Dunkerque en 1833. Il est un zélateur opiniâtre et enthousiaste de la cause des Caisses d’Epargne. En témoignent ces quelques mots, prononcés le 18 avril 1845 : « Je m’opposerai, tant que j’aurai une parole sur les lèvres, à ce qu’il soit porté atteinte à cette institution, qui garantit le bas et le haut de la société, à cette institution qui fait jeter une racine, qui fait donner un gage, qui crée la solidarité, la bourse commune du riche, du pauvre, de l‘État, et qui associe par la communauté d’intérêts vos travailleurs à la société, à la propriété même que vous constituez ». Le 5 juin 1835, l’appui des pouvoirs publics donne au mouvement une impulsion décisive en consacrant les Caisses d’Epargne comme « organismes privés d’utilité publique ».

En 1848, 93 % des villes de plus de 10 000 habitants possèdent une Caisse d’Epargne. Elle fait désormais partie du quotidien de tout un chacun. Si les grandes villes voient le personnel des Caisses s’agrandir et leur architecture s’institutionnaliser, dans les petites villes, en revanche, l’administration y est encore bénévole et mobile, assurée par les gens du coin le dimanche matin.

Une valeur républicaine

Avec la Caisse d’Epargne, la France se modernise et les voies de communication se développent. Finies les diligences sur terre battue, place au chemin de fer, grande révolution de cette industrie en marche. Les paysages se transforment. La France construit des ponts, des tunnels, des canaux et des gares. Les temps de voyage se réduisent. La construction des logements sociaux débute. La Caisse d’Epargne, fidèle à la vision de progrès social qu’elle soutient depuis sa création, accompagne ce mouvement Au fil des crises financières et politiques du XIXe siècle, la Caisse d’Epargne a su confirmer la sécurité annoncée à ses épargnants et est devenue une valeur républicaine. Vers 1930, un tiers des Caisses d’Epargne participent ainsi localement, selon leurs moyens, au développement des logements sociaux et jardins ouvriers dont la culture va améliorer considérablement les conditions de vie des familles les plus modestes, favorisant par ailleurs la croissance démographique. De même, elle aide au financement de bains-douches, afin de subvenir aux règles élémentaires d’hygiène : « propreté donne santé ! » Mais avant tout, la propreté donne le droit de chacun à la dignité. Son soutien crée une véritable solidarité et un lien social dans un contexte ouvrier urbain qui en a bien besoin. Des aides sont également apportées aux hôpitaux. S’adressant aux particuliers, elle se préoccupe des invalides mais aussi des mères en difficulté.

Un combat toujours d’actualité

Après-guerre, les Caisses d’Epargne participent à la modernisation du pays. Dans les années 1960, dans une France qui se bancarise à grande échelle et face à la concurrence bancaire, elles diversifient leurs activités. En 1983, elles deviennent un établissement de crédit à part entière. En 1991, elles sont encore près de deux cents sur le territoire et fusionnent en 31 établissements régionaux. En 1999, elles deviennent banques coopératives et confortent leur rôle de banque de proximité dans une société de plus en plus individualiste. Une fois de plus, l’institution de 200 ans nous rappelle que « le plus grand nombre de petites épargnes accumulées sur le plus long terme assurera le bonheur universel », devise chère aux physiocrates, penseurs politiques et économiques de la fin du XVIIIe dont le maitre à penser était François Quesnay. Deux siècles plus tard, son éthique est la même : servir au mieux les intérêts économiques de leurs bénéficiaires, sans recherche de maximalisation des profits, participer à la mise en œuvre des principes de solidarité et de lutte contre les exclusions, notamment bancaire ; être un acteur engagé au bénéfice des territoires et de tous leurs habitants, dans une vision humaniste et de progrès, portée et mise en acte par l’ensemble de ses parties prenantes.

 

[FOCUS : LES FONDATEURS]

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Pour en savoir plus :

Rendez-vous sur www.bicentenaire.caisse-epargne.fr

> Découvrez le film 3D à 360° du bicentenaire des Caisses d’Epargne

> Visionnez la websérie #biCEntenaire des Caisses d’Epargne

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